Chères Éguishiennes, chers Éguishiens… » À l’instar de la dernière formule d’ouverture du « mot du maire » aux administrés, la fierté d’appartenir à ce petit village est, d’évidence, palpable dans la rue des Fleurs, où les riverains font mine de s’agacer face à l’afflux des badauds. Et pour cause : les places de stationnement sont une denrée rare dans les artères de ce petit village au sud de Colmar, niché dans l’Alsace viticole.
Le soleil brille, le vin coule dans les verres et les vignerons ont le sourire. Les clichés de la carte postale traditionnelle se sont étoffés cette année d’une dorure en prime, la distinction du titre de « Plus beau village de France » par France 2. Avec ses petites rues pavées où les figuiers s’écartent pour barrer les hauteurs, les fleurs coquettement coupées par les riverains et les signes ostensibles de la tradition alsacienne placés avec soin, Eguisheim a séduit par la disposition de ses rues tout autant que par l’ambiance chaleureuse qui se dégage de sa visite.
Depuis longtemps déjà, ce village de 1 600 âmes gâté par l’Histoire et la nature, figure dans le noyau resserré des communes à l’honneur dans les magazines, avec des distinctions par grappes. Que les touristes affluent pendant l’été n’est pas une nouveauté, pas davantage que les louanges des organismes de tourisme. Mais l’effet de loupe de la télévision (le 5 juin dernier) a cette fois clairement multiplié l’impact.
Même la naturelle précaution alsacienne est balayée par l’évidence du constat. « Du jour au lendemain, on a multiplié notre chiffre d’affaires par deux ou presque », souffle, entre deux services, François Melon, le patron d’un restaurant de spécialités fromagères. Bilan au bout d’un mois : + 80 % en pleine période de crise économique, et des clients qu’il faut parfois refuser par dizaines… « Mon banquier qui, autrefois, rechignait à me prêter de l’argent, me sollicite pour m’indiquer des placements nouveaux », sourit le patron. Pour répondre à la demande, il a même envisagé d’ouvrir sept jours sur sept, avec le soutien de sa femme et son fils. « Mais avec la concurrence de la Suisse (NDLR : à 30 minutes de voiture), je ne peux pas m’aligner pour les salaires, alors je manque de personnel ».
Au fil des rues, on « attend de voir si l’effet va se prolonger au-delà de l’été », mais les conclusions vont dans le même sens : le petit train touristique qui, pour 6,50 € permet de faire le tour de la ville et des vignobles, ne désemplit pas. Les magasins sont pleins et personne ne semble s’en étonner, comme chez Léon Berger, le vigneron, où l’on vante la « fidélité de la clientèle ». Ou encore chez Fortwenger où l’on défend un pain d’épices de tradition. Le monde commerçant a le sourire, ceux qui vendent les macarons comme le « spécialiste du champignon » qui interdit l’entrée aux touristes, glaces à la main.
« Ne va-t-on pas devenir un village musée ? », refroidit une retraitée derrière sa fenêtre. Son voisin apporte la réponse : « En Alsace, on est jamais totalement content ». Et dans cette loi des séries en cours, Eguisheim s’est même parée d’un titre envié dans l’Alsace viticole : Aurélie Schneider, 20 ans, originaire de la commune, est devenue Reine des Vins d’Alsace 2013.
À la santé d’Eguisheim !
Antoine PETRY.
1/ EGUISHEIM / Alsace
2/ LOCRONAN / Bretagne
3/ SAINTE SUZANNE / Pays de la Loire:
4/ PEROUGES / Rhône-Alpes
5/ CONQUES / Midi-Pyrénées
6/ VEULES LES ROSES / Haute-Normandie
7/ TALMONT SUR GIRONDE / Potou-Charentes
8/ FLAVIGNY SUR OZERAIN / Bourgogne
9/ TURENNE / Limousin
10/MOUSTIER SAINTE MARIE/PACA
Le temps fera doucement son oeuvre en intégrant ces images dans l'histoire des habitants d'Eguisheim..
Le Point.fr - Publié le 05/06/2013 à 17:25 - Modifié le 05/06/2013 à 17:30
Par LOUIS-VIANNEY SIMONIN ET NICOLAS GUÉGAN
Petite bourgade de 1 597 âmes, Eguisheim a été élu village préféré des Français. Pourtant, tout n'était pas gagné d'avance pour ce village viticole alsacien. Eguisheim figurait en effet sur une liste de vingt-deux autres bourgs tous dignes de mériter le titre. Mais ce sont les téléspectateurs de France 2 qui ont eu le dernier mot. Au total, plus de 150 000 internautes ont voté, selon la production de l'émission. Un vrai succès dont peut se satisfaire Stéphane Bern, le présentateur de l'émission.
Conques (Midi-Pyrénées), Pérouges (Rhônes-Alpes), Blesle (Auvergne) ou encore Wissant (Nord-Pas-de-Calais), autant de candidats dignes représentants de la diversité française. Et tous avaient de beaux atouts à faire valoir : spécialités culinaires, ruelles fleuries, merveilles architecturales et, bien sûr, des habitants chaleureux. Ce sont finalement les maisons à colombages d'Eguisheim qui ont obtenu les faveurs du public.
Les murs d'Eguisheim sont remplis d'histoire. Ville natale du pape Léon IX (élu en 1049), elle est fortifiée en 1257 et entourée de trois châteaux qui, selon la légende, ont été construits sur une source d'eau, une source de feu et une mine d'or. Aujourd'hui, il ne reste que des ruines, mais le charme perdure. Les belles pierres ne font pas tout. Eguisheim est aussi le berceau du vignoble alsacien. Le village a en effet donné naissance à deux des meilleurs crus de la région : le Eichberg et le Pfersigberg. Et les bonnes tables ne manquent pas non plus à Eguisheim.
Plus qu'un titre honorifique, devenir le "village préféré des Français" est avant tout un coup de pouce. Saint-Cirq-Lapopie, vainqueur du concours l'an dernier, avait ainsi vu sa fréquentation touristique exploser. Selon l'office du tourisme local, ce sont 87 % de visiteurs de plus en juillet et 40 % de plus en août qui se sont pressés dans les rues escarpées de la bourgade. Pas de doute, Eguisheim saura profiter de cette publicité inespérée. Les habitants, réjouis par le verdict, sont déjà prêts à accueillir les futurs touristes.