Nous sommes le 2 février 1945, il est 13 h 15...
La machine à écrire de la -ORTSKOMMANDATUR" installée dans le magasin de Mme Annie HAUSHERR vole à travers vitres fermées.
Les débris se mélangent à la neige sale. Le dernier groupe de 4 militaires allemands armé de "PANZERFAUST" court et remonte la rue de l'église.
Trois minutes environ s'écoulent, les véhicules des éclaireurs du 1er régiment étranger de cavalerie investissent Eguisheim. Plusieurs Jeeps, des 6x6, une automitrailleuse toute blanche prennent position sur la Place St Léon. Les Eguisiens sortent lentement de leur cachette, de leurs abris, des caves.
Dans le ciel, les avions de reconnaissance tracent de grands 360 degrés. Les liaisons radio ne s'établissent pas, c'est l'affolement. Les militaires français et canadiens font de grands gestes et demandent à la population de rentrer dans les maisons. Les bâches fluorescentes sortent rapidement des bagages des véhicules, c'est la couleur orange aujourd'hui, ils garnissent les capots. Le contact s'établit, les avions s'éloignent.
Un soldat remarque la girouette affolée de la pointe du Château St Léon, il épaule son fusil, tire deux coups et loupe... Les civils le rassurent : "Aucun indicateur allemand n'est posté sous ce toit..."
Les libérateurs sont là. C'était il y a 50 ans, (c'était il y a 70 ans)
Les jours de la Commémoration du Cinquantenaire de cette Libération furent pour nous de réels retours dans le temps, des retours de mémoire d'un demi siècle. Il est vrai que le temps s'écoule plus ou moins vite, mais il est aussi vrai que bien des souvenirs restent.
Il est aujourd'hui un devoir de mémoire à toutes ces générations pour comprendre, oh ! combien grande était la souffrance, non pour entretenir une haine, nous sommes aujourd'hui un maillon important de l'Europe, mais pour transmettre les leçons d'une guerre.
Toute la population était mobilisée en ce février 1995.
Les drapeaux tricolores et américains fleurirent aux fenêtres, aux clôtures, aux balcons et dans toutes les vitrines. HANSI devait être heureux de pouvoir contempler du haut des cieux son clocher favori paré des plus belles couleurs. "O EGUISHEIM que tu es magnifique avec ton habit patriotique".
C'était à 13h30, ce 2 février que l'envolée des cloches fit vibrer la charpente du clocher et pincer nos cœurs. Nos mémoires étaient frappées de ces événements euphoriques, mais aussi de tous ceux qui durent quitter cette terre dans d'abominables souffrances.
Rien n'aurait pu remplacer le "STAMMTISCH" retransmis sur RTA le 3 février, ni l'émission RADIO 100 du 6 pour relever ce que bien des concitoyens endurèrent par l'occupant ; soit par l'oppression, soit par l'internement dans les camps de "NACHT UNO NEBEL".
"On avait souvent peur, on avait toujours un bagage de survie caché dans un coin..." devait déclarer une dame témoin.
"J'avais 18 ans et lorsqu'on me retira des décombres, j'avais une jambe en moins..." devait déclarer une autre dame.
Merci à André Kuster pour ces photos...
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STRAUB Bernard (samedi, 07 février 2015 00:57)
photos très émouvantes qui, assorties d'un commentaire adéquat, mériteraient de faire l'objet d'un opuscule à large diffusion.
aupieddestroischateaux (samedi, 07 février 2015 04:02)
Effectivement Bernard, ces photos doivent sans doute évoquer des commentaires, des idées, des souvenirs qui mériteraient d'être partagés.