Léon BOLL est né le 24 mars 1862 à Eguisheim (Maison Beyer Marc anciennement René Beyer rue de la 1er Armée) dans une famille de viticulteurs et décède le 3 Janvier 1916 à Toulon.
Son père BOLL Sébastien (1801-1867) veuf d’Anne Marie EBELE, décédé en 1861, se remarie en 1861 à l’âge de 60 ans avec DECKER Marie Eugénie une jeune de 24 ans (1837-1925). Le couple aura trois enfants : Léon 1862, Louis 1863 et Madeleine Marie Caroline 1865. Marie Eugénie se remarie avec STRUCH Camille, un allemand. Elle part vivre en Allemagne, et aura encore deux enfants Camille et Jeanne.
La tombe de BOLL Sébastien et DECKER Marie Eugénie se trouve au cimetière d’Eguisheim. La croix de la tombe est fendue et repose en morceaux sur le sol. Une restauration s’impose
Un regard sur son arbre généalogique nous signale que Léon BOLL a comme arrière grand père Jean Antoine BOLL aubergiste et prévôt d’Eguisheim et comme arrière arrière grand père le noble d’épée Jean Jacques BOLL
Léon BOLL épouse en 1886 Eugénie SCHIFFMANN (1865-1949). C’est la fille de Albert SCHIFFMANN propriétaire et négociant en vin à Ribeauvillé. Le couple s’installe en 1886 au 62 grand rue de Ribeauvillé. Une plaque commémorative est apposée sur la façade de la maison. Le couple a quatre enfants Marie, Pierre, Jeanne et Georges
Léon BOLL débute ses études primaires au petit séminaire le Collège St André de Colmar, transféré lors de l’annexion en 1871, à La Chapelle-sur Rougemont. Son camarade de classe est Emile WETTERLE de Ribeauvillé avec qui il se lie d’amitié. Les deux seront sur le devant de la scène politique, l’un comme Député, l’autre comme journaliste pour défendre l’idée d’une Alsace française.
Reçu bachelier ès lettres et è sciences il entreprend des études de droits à Nancy. Mais sa vraie passion est le journalisme et la politique. Il abandonne ses études et débute comme chroniqueur au Figaro illustré à Paris.
En 1882 à l’âge de 20 ans il revient en Alsace et entre dans la rédaction du journal catholique conservateur L’Union Alsace Lorraine. Un journal hautement antiprussien dirigé par le Député Jacques Kablé. Ce journal est vite censuré par les autorités prussiennes.
Suite à son mariage en 1886 il gère non seulement le domaine familial Schiffmann/Boll à Ribeauvillé, l’une des plus importantes exploitations viticole en Alsace mais continue en parallèle à rédiger des articles économiques et politiques. Comme secrétaire départemental de la viticulture il publie une brochure traitant de la culture de la vigne et du commerce du vin. »Weinbau und Weinhandel » C’est un des premiers promoteurs de la viticulture alsacienne moderne.
En 1889 il publie un guide touristique sur le développement de l’industrie hôtelière en Alsace qui devrait s’inspirer de la Suisse ou de l’Autriche. Il argumente cette démarche en pointant du doigt les sources de prospérité séculaire de notre région, l’agriculture et l’industrie, qui sont entrain de péricliter .L’avenir est dans le tourisme. Pour cela il faut promouvoir une « Fremdenindustrie » L’ouvrage fait 20 pages et est illustré par ses deux illustres amis Henri LOUX et Charles SPINDLER.
Pour donner corps à ses idées il projette un hôtel haut de gamme à Thannenkirch à l’instar de ceux de la côte d’Azur. Il fait appel à Bodo EBERHARDT(l’architecte du Château du Haut Koenigsbourg) pour élaborer les plans. Le projet financier est de 600.000 Marks, le terrain de 4 hectares offre une capacité de 100 chambres. A proximité du Haut Koenigsbourg ce projet doit attirer beaucoup de monde. Il obtient l’accord et le soutien de l’Empereur Guillaume II
Malheureusement ce projet ne verra pas le jour suite aux déboires financiers de Léon BOLL
Pour l’exposition Universelle de Paris en 1900 et avec l’appui des autorités alsaciennes, Léon BOLL monte le projet d’un pavillon alsacien à coté de la Tour Eiffel. Son défi sera d’y installer la Maison KAMMERZELL en grandeur nature pour y promouvoir les produits d’Alsace et notamment nos vins et notre gastronomie.
Il engage ses fonds privés et s’associe avec un négociant strasbourgeois A.KUHFF. Ces deux amis artistes LOUX et SPINDLER s’occupent de la décoration et de la promotion.
Le restaurant de 200 places connait un succès immense mais le retour sur investissement est une catastrophe. Comble de malheur le trésorier s’empare de la caisse et le déficit reste à la charge de Léon BOLL. Pour éponger ses dettes il vend ses vignes à Eguisheim.
Il délaisse la viticulture pour de bon et refuse également la députation à COLMAR ,qui lui était promise, suite au décès du Député Charles GRAD
Il retourne vers son vrai combat le journalisme et entre en 1902 au quotidien LE MESSIN seul organe de presse en langue française en Alsace-Lorraine. Il devient le rédacteur en chef puis le Directeur .Il collabore également au FIGARO ILLUSTRE.
En 1905 il crée avec 51 patriotes, le Journal ALSACE-LORRAINE. Dans le Conseil d’Administration siègent ses amis de la bourgeoisie industrielle et libérale alsacienne. En particulier les frères IMMER de Metzeral, André KIENER de Colmar, les brasseurs strasbourgeois FRUHLINGSHOLZ et Laurent SCHNEIDER, Daniel BLUMENTHAL Député-maire de Colmar et le Journaliste André STOSSKOPF.
Léon BOLL fédère autour de lui de nombreux industriels comme Jules SCHEURER de Bitschwiller, Fr.STEHLIN de Cernay, Auguste LALANCE de Muhlouse. Ils sont tous profondément anti- germaniques et d’ardents défenseurs du patriotisme français. Léon BOLL est favorable à la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Il restera l’ami de l’ABBE WETTERLE qui devient député de RIBEAUVILLE au Reichstag. Ce dernier ainsi que le député Jacques PREISS de Colmar n’ont de cesse de s’insurger au Reichstag de la tyrannie allemande.
La pensée française est alors défendue par quelques intrépides journalistes et dessinateurs alsaciens. C’est HANSI qui brûle du sucre dans une brasserie de Colmar fréquentée par des officiers allemands afin de purifier l’air. C’est la plume de Léon BOLL à travers son journal qui se fait le champion de la patrie française.
Dans son journal de combat il n’eut de cesse de glorifier la patrie absente et défend sans relâche les libertés alsaciennes. Ses diatribes ne sont pas du goût des autorités prussiennes de sorte que son journal fut définitivement interdit le 31 Juillet 1914.
Se sentant menacé, Léon BOLL s’exile à Paris évitant ainsi de justesse son arrestation.
C’est en Alsace le premier acte de guerre.
Réfugié à Paris il met ses connaissances au service du Gouvernement français. Intimement lié à CLEMENCEAU, il entre dans son Journal L’HOMME LIBRE qui deviendra L’HOMME ENCHAINE et aujourd’hui LE FIGARO. CLEMENCEAU, dénommé le TIGRE, appréciait fortement l’homme et le journaliste Léon BOLL.
Après la guerre CLEMENCEAU fera l’hommage à ces alsaciens résistants en prononçant cette phrase: »Je ne les savais pas aussi grands… »
Léon BOLL succombe à Toulon d’une crise cardiaque à l’âge de 54 ans. Ses mérites sont reconnus en 1925 lorsque le gouvernement Français lui décerne, à titre posthume, la croix de la Légion d’Honneur.
Le 29 Juin 1952 une plaque fut apposée à la façade où Léon BOLL fonda Le « Journal L’Alsace » 3 place St-Thomas à Strasbourg en présence de Louis Appell Ministre.
Léon BOLL est enterré au cimetière de Ribeauvillé dans le caveau familial auprès de son épouse Eugénie et de ses quatre enfants Pierre, Georges, Jeanne et Marie.
Eguisheim Janvier 2021 Léon BAUR